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Inauguration de



       la place Cadenet à Marigny




       Janvier 1945, le Cotentin. Trois petites villes subissent les affres du froid,
       leurs habitants, pour beaucoup d’entre eux, n’ayant d’autre choix que de
       vivre à la dure, suite aux graves bombardements qui ont permis aux troupes
       américaines d’effectuer leur percée lors du débarquement. Trois villes qui
       ont été au centre de mitraillages et de bombardements qui provoquèrent des
       destructions très importantes en juin et en juillet 1944. Au milieu de ce chaos,
       un camion arrive. Il vient de Cadenet. Il apporte aux habitants de la ville de
       Marigny le secours de vivres, de vêtements chauds, de meubles, ainsi que la                             Mairie de Cadenet
       somme de 700 000 F en liquide, tout cela acheminé par trois représentants
       de notre village. Il s’agit de Constant Laurent et de Marius Fabre, tous deux   Noël Montagne,
       Cadenétiens, et de Maxime Calamel de Cucuron.                           adjoint délégué Marigny,
                                                                               Jean- Marc Brabant, maire de Cadenet,

          e cette affaire, nous n’en avions ja-  Pour ma part, les recherches ont conti-  Roger Potier, historien,
                                                                               Fabrice Lemazurier, maire de Marigny,
       Dmais entendu parler. Pourtant, des   nué, au point d’avoir pris la décision d’en   Fernand Perez, maire honoraire
       amitiés s’étaient maintenues, mais   faire un livre, car l’histoire, belle, n’en est    de Cadenet.
       elles étaient restées discrètes et person-  pas moins complexe. Voici un bref résu-
       nelles, et il fallut la mémoire extraordi-  mé de ce que j’ai pu trouver jusqu’ici.
       naire d’un historien de Marigny, mon-  Ces travaux sont encore au stade de la   très durement touchées. Pendant long-
       sieur Roger Potier, dernier témoin de   recherche car l’affaire lie indissociable-  temps, malgré les demandes incessan-
       l’arrivée du camion dans les décombres   ment six villes : il s’agit respectivement   tes des représentants d’une institution
       de sa ville, pour raviver le souvenir de   de La Chapelle-Enjuger avec Lourmarin,   reconnue appelée l’Entraide française,
       cet événement. La mairie de Marigny, en   Marigny avec Cadenet et enfin Remilly   les habitants de cette petite région n’ont
       la personne d’un de ses adjoints, Noël   avec Lauris. Il est à noter qu’aujourd’hui,   pu bénéficier que de très peu d’aide. Les
       Montagne, décida de contacter la mairie   les communes nouvelles étant passées   Américains, après avoir débarqué, ne
       de Cadenet pour nous remercier, quasi-  par là, les appellations ont un peu chan-  sont en effet pas restés dans la zone, et
       ment 70 années après.               gé ; nous parlons de Marigny-le-Lozon   si les bombardements se sont déroulés
                                           et de Remilly-sur-Lozon. Pour simpli-  en juin et en juillet, l’hiver arriva vite et
       Ignorants de cette affaire, nous l’étions   fier, nous utiliserons les appellations   fut très rude pour des gens dépourvus
       tous. Grâce aux recherches et à la de-  de l’époque de notre histoire.  de véritables abris.
       mande de madame Annie Torrese, j’ai
       finalement pu retracer cette affaire, du   Que s’est-il donc passé ? Suite aux bom-  De quelle manière, nous l’ignorons en-
       moins en partie. Nous avons pu, grâce   bardements liés essentiellement à l’opé-  core. Cependant, en décembre 1945, un
       au témoignage des descendants de deux   ration « Cobra », les trois villes ont été   camion fit son apparition à Marigny. Il
       des protagonistes, avoir des explications                               venait de Lourmarin, et avait pour des-
       sur ce qui s’était passé. Explications for-                             tination La Chapelle-Enjuger. C’était
       cément incomplètes, mais riches d’en-                                   une initiative de Raoul Dautry, maire de
       seignements sur le courage de ces sud                                   Lourmarin, mais également président
       luberonnais partis soutenir une ville à                                 de l’Entraide française, qui souhaitait
       l’autre bout de la France, alors même que                               mettre en avant une initiative visant à
       la guerre n’était pas terminée.                                         inciter des villes du sud de la France,
                                                                               moins impactée par les destructions,
       Des délégations de Marigny sont ve-                                     à apporter des secours à des villes si-
       nues à deux reprises pour rencontrer                                    nistrées. Voulant donner l’exemple,
       les Cadenétiens, Fernand Perez et une                                   Raoul Dautry fit en sorte qu’un camion
       délégation se sont également rendus                                     de ce genre, entièrement rempli par les
       en Normandie il y a quelques années,                                    dons des Lourmarinois, parte pour La
       constituant les premiers échanges offi-                                 Chapelle-Enjuger.
       ciels entre les deux villes.

                                Le camion de                               Association La C.L.E.F.  Voyant arriver ce véhicule, et s’étant en-
                                                                               quis de sa mission, le docteur Guillard,
                               ravitaillement                                  médecin à la retraite à Marigny, dont il
                                   en 1945.


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